Oriane Nething, étudiante diplômée de la première promotion du MSc "Strategy & Design for the Anthropocene", a souhaité partager son mémoire et le mettre en libre accès.
Nous avons le plaisir de le partager avec vous.
Dans un contexte où les rapports du GIEC sont de plus en plus médiatisés, des initiatives similaires au niveau national et local apparaissent. Ces groupes qui sont à la frontière entre science et politique sont appelés organismes-frontières, ou interface science-société. Un tel projet d’interface est envisagé par l’Eurométropole de Strasbourg (EMS). Il s’agit dans ce travail de voir comment ce modèle de “GIEC local” peut être transposé à l’échelle métropolitaine, en étudiant les possibilités de formalisation d’une collaboration entre des scientifiques et l’EMS sur le sujet du changement climatique. L’objectif ultime est d’avoir un groupe qui ait un réel impact sur la trajectoire du territoire face au changement climatique. Ce travail révèle les nombreux types de collaborations entre science et politique. Cette diversité permet d’aborder le sujet des postures possibles que peuvent prendre les scientifiques au sein de la société dont le rôle par rapport au politique est sujet à débat. La formalisation de tels groupes scientifiques permet sans doute de donner une plus grande place à ces questions dans la prise de décision, et une meilleure préparation à de nouveaux défis. Mais leur impact sur les décisions politiques est difficile à estimer, et on n’observe pas automatiquement de priorisation claire de l’enjeu climatique. Les constats même alarmistes ne sont pas suivis d’une action politique de circonstance. Il est important de questionner cette production de rapports, de ne pas simplement mobiliser les scientifiques pour la forme. Les pistes de renforcement de l’impact de ces groupes qui sont explorées ici sont notamment le liens avec les citoyens, le dépassement de la traditionnelle approche carbone des enjeux écologiques, la mobilisation de ces groupes pour aborder les questions politiques et épineuses, et pour assurer la traduction de faits scientifiques en trajectoire sociétale vers des modes de vie bas-carbone.